La Fondation OKALA désormais présente au Nigeria

C’est chose faite depuis septembre 2023. Le Nigeria, pays d’Afrique de l’Ouest et le plus peuplé d’Afrique, première économie du contient, est en proie à l’activisme du groupe terroriste Boko Haram qui empêche entre autres, de nombreuses jeunes filles d’aller à l’école. Sous le faux prétexte que l’éducation occidentale pervertit la jeunesse (ce qui est la définition même de Boko Haram). Mais les problèmes de ce géant pays d’Afrique ne s’arrêtent pas là. Pauvreté, manque d’énergie, corruption, peu d’investissements dans le domaine de l’éducation, mauvaise gouvernance…

L’UNESCO, l’agence des Nations Unies qui s’occupe d’éducation et de sciences, écrivait en décembre 2021 à propos du Nigeria :

« Ces trois dernières années, le gouvernement fédéral n’a consacré que 1,4 % de son produit intérieur brut au secteur de l’éducation, chiffre bien inférieur aux 4 à 6 % recommandés dans le Cadre d’action Éducation 2030 de l’UNESCO pour parvenir à une éducation inclusive et équitable et à la généralisation de l’apprentissage tout au long de la vie. »

Autant dire que l’éducation est loin d’être une priorité pour le Gouvernement qui est confronté à plusieurs crises (sécuritaire, économique, démographique, sociale…).

L’UNESCO poursuit :

« La faiblesse de l’investissement public contraint nombre de parents à payer le coût de la scolarité de leurs enfants, qui augmente avec le niveau d’études.  Les dépenses des ménages couvrent les frais de scolarité, le coût des uniformes, des manuels scolaires, des supports pédagogiques et les frais annexes comme le transport et les repas, ce qui représente, en moyenne, plus de la moitié du budget des ménages. »

Ceci vaut pour les familles qui peuvent se le permettre. Car, poursuit encore l’UNESCO :

« Des calculs de 2018 indiquent que la pauvreté touche 46,4 % de la population nigériane et que 53 % des familles vivent avec moins de 1,90 dollar des États-Unis par jour. L’éducation est donc loin d’être prioritaire pour certains ménages qui ont déjà du mal à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Par conséquent, même si l’enseignement primaire est censé être gratuit et obligatoire, environ 10,5 millions d’enfants entre 5 et 14 ans sont déscolarisés. »

En attendant, c’est grâce à des initiatives privées, qui viennent en appui aux efforts des familles déshéritées, que quelques jeunes filles parviennent à réaliser leurs rêves scolaires. C’est le cas de Saaondo Hembafan.

Une histoire triste…révélée grâce aux réseaux sociaux.

Cette jeune fille d’à peine 20 ans dit avoir été mariée de force par son père à un « homme riche », pour lui permettre d’avoir de quoi envoyer ses autres frères et sœurs à l’école. C’est en juin 2023 et sur un célèbre réseau social qu’elle-même raconte sa douloureuse histoire en qui a ému la représentante de la Fondation Okala au Canada. Aujourd’hui, et grâce à la Fondation, la jeune Saaondo étudie, elle a pu payer tous les frais d’inscription à la Delta State University au Nigeria ainsi que les autres frais annexes. Mais la suite de son histoire, c’est elle-même qui nous la raconte :

« Aujourd’hui, j’ai pensé à acheter du carburant et boire pour mettre fin à mes jours. Je me sens seule, si seule, je n’ai personne, ma mère est décédée l’année dernière, elle était sur le point de me parrainer pour l’université et la maladie l’a emportée. Mon père travaille, mais cela fait neuf mois qu’il est sans salaire et son salaire n’est que de 13 000 Naira [à peine 18 dollars américains]. Il me dit qu’il a des enfants plus jeunes, et que cet argent ne peut pas nous envoyer tous à l’école. Alors quand ma mère est morte, un homme s’est présenté chez nous pour m’épouser ; mon père m’a crié dessus en me disant qu’il voulait que j’aille à l’école certes, mais qu’il n’en avait pas les moyens ; alors je devrais épouser cet homme.

Je ne connais rien au mariage, je n’ai que 20 ans, même si je suis prête à me marier, tout ce que je veux, c’est aller à l’école. Je veux aller à l’école, j’aime l’école.

Je suis accro à l’apprentissage, mais malheureusement, j’ai dû écouter mon père. Mais je suis allé derrière lui pour dire à cet homme qu’il devrait me mettre à l’école, je lui ai promis de l’épouser dès ma première année d’école.

Je lui ai dit que j’avais des frères et sœurs plus jeunes et que je devais montrer l’exemple, donc commencer par l’école avant le mariage.

Ovy, cet homme, est conférencier ; il m’a promis qu’il ferait ce qu’il a dit. C’est alors qu’il m’a emmenée de la maison de mon père à chez lui, soi-disant pour me préparer à m’inscrire à l’école, avec la permission de mon père. Malheureusement, cet homme m’a transformée en véritable esclave ; il n’arrêtait pas de m’insulter, de crier sur moi, en me disant toutes sortes d’horreurs.

Il n’y a rien que je n’aie pas fait pour plaire à cet homme !

Entre-temps, je découvre qu’il avait fait un premier mariage mais sa femme avec qui ils avaient eu quatre enfants était aussi morte. Je m’occupais de ces enfants chaque jour : au réveil, je devais préparer pour eux, les apprêter pour l’école, etc.

Cet homme m’a fait perdre du temps, en me trompant que mon inscription à l’école était en cours.

Quand j’appelle mon père pour me plaindre, il m’encourage à rester dans le mariage, parce qu’il n’a pas de moyens pour s’occuper de moi.

Cet homme m’a fait souffrir. J’ai souffert, il n’arrêtait pas de me dire que même si je partais, aucun autre homme ne m’épousera.

J’ai supporté, mais hier, j’ai finalement décidé de m’en fuir.

Certes, je suis de retour, mais je me sens inutile, j’ai besoin d’aide !!

J’ai l’impression que ma vie est terminée sur cette terre.

Une chose est sûre, Dieu sait que je ne suis pas une mauvaise personne, mais ce sont des choses qui arrivent.

J’ai besoin d’un câlin, j’ai besoin d’une main chaude pour me consoler, je ne pleure pas seulement pour ça, si ma mère était en vie, je serais à 400% de mon énergie maintenant.

s’il vous plaît, aidez-moi ! Pensez-vous que je puisse être mieux ?

Aurais-je la chance de rencontrer quelqu’un, précisément une femme, pour m’envoyer à l’école ?

Je suis fatigué!!!

J’écris sans raisonner. J’ai besoin d’être encouragée, merci … »

Aujourd’hui, cette jeune fille a retrouvé le sourire perdu depuis des années :